Il y avait la foule des grands jours ce Dimanche à
Chatrousse. Une belle tribune garnie et le
pesage de cette enceinte sportive tout confort n’ayant rien à envier au Stade
de France, la buvette étant tenue par Paulette, dont le sourire et l'accueil
chaleureux feraient fondre un iceberg.
Mais, me direz-vous, pourquoi une telle
affluence ? Très bonne question mes chers lecteurs. Certes, il faisait
grand soleil, et pas trop froid, ce qui, à cette période de l’année,
s’apparente à un vrai miracle, comme un deux contre un où Antoine Besse joue la
passe, ce qui n’est pas peut dire. Certes, Paulette prépare le meilleur vin
chaud du championnat de deuxième série. Certes, Vander organisait pour la 156589
fois son jubilé. Mais non, la raison était tout autre.
Ce match, c’était le choc tant attendu de la phase
aller, le All Black / Afrique du Sud auvergnat, entre deux leaders au
classement bien décidés à creuser l’écart en tête de peloton. D’ailleurs, la
concentration était visible sur le visage des rouges et blancs. Ecouteurs
vissés sur les oreilles pour les uns,
fausse décontraction pour les autres, chacun appréhendait à sa manière
cet avant match capital. J’en veux pour preuve la nervosité bien palpable de
notre cher Lolo Araujo, qui tendu comme un string, était aussi stressé que Félix Baumgartner avant de s’élancer pour
son saut en chute libre de 39 km. Parlons aussi d’Antoine Besse, qui, le regard
complètement flippant, envoya de grandes baffes « de motivation » à
toute l’équipe au moment de sortir des vestiaires (trois traumas crâniens à
déplorer).
Bref, vous l’aurez compris, il ne fallait pas se
louper, d’autant plus que depuis le début de la saison, les Chamalièrois, bien
qu’invaincus à domicile, se montrent bien plus performant dans le jeu et
l’agressivité quand ils se déplacent hors de leurs terres.
Place au jeu maintenant. Après un bon début de
match des locaux, ce sont les visiteurs qui scoraient les premiers, sur une
pénalité que transformait l’artilleur varennois (0-3). Un buteur bien plus en
forme que son homologue chamalièrois, qui, pas forcément mis en confiance par ses deux
premiers en avant, manquait l’égalisation suite à une pénalité obtenue par les
rouges et blancs à 30m face en face des perches.
Commençant déjà à me traiter de tous les noms, je
décidais de rentrer dans le match. Suite à un coup de pied de dégagement, le
pilier varennois récupérait la balle dans ses 22m. Son arrière se plaça à ses
côtés, lui demanda le ballon afin de pouvoir dégager proprement. Le numéro 3,
qui souffrait surement d’un déficit auditif, prit son élan pour envoyer un
grand coup de pompe, se ravisa, feinta la passe, refeinta le coup de pied pour
enfin donner la balle à son coéquipier, bien mis sous pression par Jérôme
Rougier. C’est à ce moment que je me décidais à sortir de la tente que je
venais de planter entre le pilier et son arrière, délaissant à regret mon vin
chaud servi par Paulette et éteignant à la va-vite ma cigarette à peine
allumée, pour m’emparer de l’offrande et aller tranquillement finir ma balade
digestive dans l’en-but adverse. Essai transformé, les rouges et blancs
prenaient la tête (7-3).
Plus agressifs (évoquons notamment la sortie sur
blessure de l’ouvreur varennois suite au cul magistral administré par le bien
nommé Christophe Cheminade, illustrant ce proverbe bien connu des
rugbymen : « la prochaine fois, tu te baisseras ».), plus
collectifs, plus mobiles, meilleurs en conquête, les Chamalièrois prenaient le
jeu à leur compte, et dominaient outrageusement les débats. En face, les
Varennois essayaient de contenir les assauts des locaux (avec succès), se
reposant surtout sur un jeu au pied très efficace. Les deux équipes se
dirigeaient vers la mi-temps sur un 7-3 qui ne reflétait absolument pas la
partition jouée par les rouges et blancs. Et là, attention, action de grande
classe : après un série de pick and go à faire pâlir d’envie les provinces
irlandaises, les avants locaux, après avoir enfoncé la défense des verts et
blancs, échouaient à quelques mètres de la ligne d’essai. Renversement de jeu,
et c’était au tour des arrières de mettre le feu dans la défense adverse,
Antoine Besse échouant lui aussi à quelques encablures de la terre promise,
après un beau une-deux orchestrée avec son compère Sanitas alias le poseur de
culs (cf compte-rendu contre Pérignat). Mais ce n’était pas fini. Après un
énième renversement de jeu, c’est notre talonneur Grégoire Boutonnet qui s’en
allait aplatir tranquillement, portant le score à 14-3 avant la mi-temps. Ce
magnifique essai est à lui seul un bon résumé de ce qui s’est passé dimanche
après-midi. Pour la première fois peut être depuis le début de l’année, les
rouges et blancs ont su montrer une cohésion et une force collective
impressionnante de sérieux, d’application, de rigueur et de détermination.
La mi-temps permettait aux chamalièrois de
récupérer un tant soit peu, avant de repartir de plus belle au combat ;
les consignes étaient claires : continuer dans ce sens, et ne pas laisser
de répit aux varennois visiblement pas à leur meilleur niveau sur ce match.
Aussitôt dit, aussitôt fait : la deuxième
mi-temps ne fut qu’une démonstration de
puissance des rouges et blancs. Plus frais physiquement, les locaux
asphyxièrent littéralement des Varennois en perte de vitesse, desservi par un
manque de profondeur au niveau du banc. Ce qui n’était pas le cas côté
chamalièrois, chaque nouvel entrant
apportant sa fraîcheur, son envie, son enthousiasme et sa détermination au service
du collectif. Le collectif, encore et toujours, unique leitmotiv de l’équipe en
ce dimanche pas comme les autres.
Vous voudrez bien excuser votre narrateur dont la
suite du compte-rendu sera un peu décousue, le fayot ayant perdu la feuille de score au cours de
la soirée qui suivit la rencontre…
Comme précisé précédemment, la deuxième mi-temps
ne fut qu’une démonstration de force du collectif chamalièrois. Des
percées, une conquête intouchable, une
défense intraitable, et 4 essais inscrits à des varennois dépassés. Servi par
Nicolas Sanitas qui faisait parler (une fois n’est pas coutume) sa vision du
jeu et ses jambes de 20 ans, Pierre Barlet s’en allait marquer entre les
perches. Un deuxième essai pour les avants, venant récompenser une partie haut
de gamme du pack rouge et blanc. Cet essai en appelant d’ailleurs presque
instantanément un autre, puisque notre boucher préféré, mister Paulus,
s’échappait d’un maul maîtrisé à la perfection, culbutait les derniers
défenseurs pour franchir en force la ligne d’en-but. Le même Paulus qui, dix minutes plus tard, se
blessait au coude après une chevauchée folle dans la défense adverse. Nous lui
souhaitons évidemment un prompt rétablissement.
Mais il était dit qu’aujourd’hui, la symbiose
avant/arrière serait parfaite. Après une longue et belle séquence marquée par des passes après contact que ne
renierait pas Sony Bill Williams, Jérôme Rougier renversait le jeu pour JB
Lazime (qui nous a gratifié d’une magnifique chistera pour l’arbitre de touche
précédemment), qui transmettait à Antoine Besse. Ce dernier, dans son style le
plus caractéristique, feintait la passe, raffutait du droit et accélérait pour
aller planter son 89ème essai de la saison.
Et, comme un symbole, c’est monsieur Rougier qui
s’en allait inscrire le dernier essai du match, scellant la magnifique victoire
des rouges et blancs.
40 à 3 un score pour lequel beaucoup auraient
signé le matin de la rencontre. Outre la victoire, qui évidemment propulse
Chamalières en tête du classement, il faut retenir la qualité de l’organisation
collective des locaux, et l’engagement sans faille de l’ensemble des joueurs.
Je pourrais
vous parler de la paire Cambier (dit « le mec qui prend tous les ballons
adverses en touche »)/Mazin, éternels travailleurs de l’ombre, la tête
dans les rucks, de bas en haut, affairés à d’obscures tâches tout au long de la
rencontre. Je pourrais vous parler de notre première ligne, impériale
aujourd’hui, mobile, puissante, tant en mêlée fermée que dans le jeu courant.
Je pourrais vous parler de la troisième ligne, perpétuellement au soutien,
plaqueuse/gratteuse, je pourrais vous parler d’Adrien, qui, a force de plaquer,
a les épaules toutes bleues, ce qui l’embête considérablement pour le
calendrier qu’il doit réaliser pour Abercrombie. Je pourrais aussi vous parler
de Lolo Araujo, qui a montré à ses anciens coéquipiers qu’il n’avait en rien
perdu de ses crochets et de sa vitesse. Ou bien encore de N. Sanitas, qui,
perclus de crampes (la faute à son hygiène de vie), quitta le terrain en
larmes, honteux de savoir qu’Antoine Besse avait marqué un essai et pas lui. Je
pourrai vous parler de moi, ou même de l’ensemble des remplaçants qui ont tout
donné et fait grand bien à l’équipe. Mais je préfère vous parler de l’équipe.
Car en ce dimanche, Chamalières n’était pas une somme d’individualités, c’était
une équipe, une vraie.
Pourvu que ça dure, mais cette victoire laisse
inaugurer de belles choses pour la suite. Et attention. « Champions
d’Automne, champions de rien ». Alors continuons, ensemble, à bâtir notre
histoire commune.
Ps : J’avais initialement prévu de vous faire
un compte-rendu de la 3ème mi-temps, mais je n’en serai pas capable,
vu que je me souviens de rien.
Auteur : Le fafa Le yoyo Le fayot !
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